Tout commence de façon fort banale et pas inquiétante du tout. Kodack est un griffon d’un âge approximatif de 12 ans, dont la très grande forme fait plutôt penser à un chien de 8 ans, abstraction faite d’un problème d’atrophie rétinienne progressive le rendant aveugle.
Il y a quelques semaines, je le vois légèrement boiter. Si légèrement que je me dis, on dirait qu’il boite ; puis oui de fait il a dû se faire mal en courant comme un jeune premier. Vérification faite, il n’a pas de blessure interdigitale. Je pense a un possible début d’arthrose et lui donne de l’anti-inflammatoire. Le mauvais temps se charge naturellement du repos…
Après quelques jours, je constate que Kodack boite de plus en plus fort, au point de ne pas poser sa patte. La visite vétérinaire s’impose.
J’y vais, le cœur léger… elle va certainement découvrir une entorse, une luxation, oui au pire une fracture. Les radiographies vont malheureusement montrer très formellement que Kodack souffre d’un ostéosarcome dont le pronostic est des plus mauvais.
Ostéosarcome : cancer du tissu osseux. Il est connu pour être particulièrement agressif, avec notamment un risque de métastases. Mais encore... voici, un résumé de ce qu'en dit la littérature, tristement illustré par Kodack.
La plupart du temps, on lit que les
symptômes observés sont avant tout une boiterie qui évolue et augmente dans le temps. Ce n’est certes pas ce que j’ai constaté : il n’aura fallu qu’un mois pour qu’une boiterie quasi imperceptible se transforme radicalement. Dans de nombreux cas, lorsque la tumeur est différente ou plus avancée, il est possible aussi de constater une déformation de l’os.
En quelques mots. Chez le chien, les tumeurs des os sont cancéreuses dans 90% des cas. L’ostéosarcome occupe une place de choix puisqu’à lui seul il représente de 80 à 90 % des tumeurs malignes des os.
Il touche principalement des chiens, mâles et femelles, âgés (à partir de 8 à 10 ans – mais pas uniquement), de grande taille dont certaines races semblent être prédisposées. Moins ébruité évidemment, la stérilisation des chiens augmenterait le risque de développer des affections cancéreuses dont l’ostéosarcome.
Cette
tumeur peut être
primitive : elle se développe dans l’os et se diffuse (très rapidement) par métastases dans différents organes. Au moment de la détection d’un ostéosarcome, de nombreux chiens présentent déjà des métastases (poumons, ganglions, foie, rate, cœur, etc).
De ce fait, soit le chien souffre déjà de symptômes de dégradation générale de sa santé lors de la détection de l’ostéosarcome, soit sa santé se détériorera par la suite (fatigue, manque d’appétit, perte de poids, troubles digestifs, problèmes pulmonaires, etc).
Elle peut aussi être
secondaire, à savoir qu‘elle résulte de métastases d’une tumeur primitive d’un autre organe.
Pour Kodack,
le diagnostic a pu être posé par la radiographie. La vétérinaire n’a pas estimé utile de recourir à un scanner, une scintigraphie, ni à une biopsie. Des radiographies des poumons et de la cage thoracique n’ont montré aucune métastase à ce stade, mais cela n’exclut pas l'existence de plus petites tumeurs non encore décelables ou situées ailleurs.
Radiographies des pattes antérieures de Kodack.
Gauche (saine) :
Visualisation de la tumeur sur la patte avant droite :
Profil gauche (sain) :
Profil droite :
La tumeur se situe dans la partie basse du radius. De façon plus scientifique, il existe un
ostéosarcome « appendiculaire », de loin le plus fréquent qui touche les os longs (radius, humérus, tibia et fémur). L’autre ostéosarcome est appelé
« Axial » (tête, museau, colonne)
La plupart de
ces tumeurs se développent au niveau de la cavité médullaire (intérieur de l’os), dans la partie jouxtant la tête, soit à la base de l’os (=métaphyse distal), soit à la partie haute (métaphyse proximale).
L’ostéosarcome est un cancer agressif, à
évolution rapide. D’une petite tumeur enfermée dans l’os (stade 1), elle explose l’os et distille ses métastases dans les organes vitaux du chien (stade 4).
En fonction de critères dépendants de la tumeur, du chien et de son propriétaire il est possible d'
intervenir chirurgicalement par :
- l’ablation de la tumeur et de la zone osseuse remplacée par une prothèse ;
- l’amputation partielle ou complète du membre.
Ces traitements doivent aller de pair avec des séances de
chimiothérapie et/ou de radiothérapie.
Le pronostic vital est alors prolongé, mais dans la toute grande majorité des cas, le chien devra être euthanasié lors de l’emballement des métastases.
La vétérinaire de Kodack estime à plus ou moins 6 semaines le délai de survie, moyennant des
médicaments palliatifs pour combattre la douleur intense de ce cancer.
Outre l’apparition de complications par métastases, nous vivons aussi dans la pire crainte d’une possible fracture (spontanée ou non).
Comme dit plus haut, l’ostéosarcome touche les races grandes à géantes. Sont cités le plus souvent le Barzoï, le Berger Allemand, le Boxer, le Doberman, le Dogue Allemand, le Golden retriever, le Greyhound, l’Irish Wolfhound, le Rottweiler, le Saint-Bernard,…
Le Léonberg semble parfois oublié, pourtant la race est fortement touchée et fait l’objet d’études (notamment génétiques) et de nombreux articles.
Si vous souhaitez en savoir plus, je vous conseille la lecture de l’article du
Dr vétérinaire Sébastien Mirkovic, ce passionné des chiens de montagne :
Ostéosarcome par Mirkovicou de consulter le site de
Leonberg-passionCe cancer fait actuellement l’objet d’une étude consacrée à l’
injection de ciment osseux au niveau de la tumeur en vue de remplacer de façon non invasive l’amputation du membre.
Oniris - TheraVet
TheraVetA suivre de près !
Pour répondre à la plupart des questions liées aux différents types de cancers canins, je conseille de consulter le nouveau site belge
ONCOWAF : un premier tremplin vers l’information.
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